La journée mondiale de la douleur veut attirer l’attention du public sur les douleurs chroniques (qui durent). Elles ne sont pas toujours faciles à évaluer. Un thème abordé mardi 17 octobre, dans l’émission Toc Toc Docteur (1).
Lorsque quelqu’un se plaint d’avoir mal est-il possible d’utiliser l’imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle, Pet-scan, EEG etc.) pour dépister les simulateurs? C’est la question que se posent parfois la justice, lorsqu’elle est saisie, ou les assureurs, lorsqu’ils doivent payer. Un groupe d’experts, incluant non seulement des praticiens mais aussi des juristes et des spécialistes de l’éthique médicale, a été mis en place par l’Association internationale pour l’étude de la douleur (IASP) pour y répondre, mais en ajoutant celle-ci: Si c’est possible, est-ce souhaitable?
Les dangers du «détecteur de douleur»
Ils viennent de publier leurs conclusions après deux ans de travail, dans la revue scientifique «Nature reviews Neurology» et mettent en garde contre cette tentation techno-intrusive: «Sur la base de ce que l’on sait aujourd’hui, l’imagerie cérébrale n’est pas suffisamment fiable pour être utilisée comme détecteur permettant d’appuyer ou de contredire ce que dit un individu», écrivent-ils. Autrement dit ces outils de visualisation de la douleur doivent rester des outils de recherche. Et le jour où les progrès le permettront? Les experts craignent le pire: «La disponibilité d’un test le rendrait de facto incontournable dans la pratique, si non dans la loi».
Utile en médecine
Le développement d’un test est pourtant inéluctable. Car si chacun d’entre nous a une idée assez précise de ce qu’est la douleur, les choses se compliquent dès qu’il s’agit d’estimer celle qui est ressentie par quelqu’un d’autre. Ce qui peut être très ennuyeux en médecine. Bien sûr, en pratique, il suffit de poser la question. C’est d’ailleurs ce qui font couramment les soignants, y compris en interrogeant les enfants grâce à des petits dessins de visages plus ou moins souriants ou grognons (échelle visuelle analogique). Mais l’idéal serait de disposer d’une mesure objective (indépendante du sujet), par exemple un capteur indiquant le niveau de douleur ressenti. «Un tel test serait particulièrement utile pour des personnes incapables de verbaliser (par exemple des enfants ou adultes qui sont handicapés, très jeunes ou déments), dans le cas où il y a un décalage entre le comportement d’une personne et ce qu’elle dit, et aussi pour personnaliser la prise en charge», écrit le groupe de travail de l’IASP.
(1) RDV: La fibromyalgie, source de douleur chronique, sera le thème du prochain numéro de «Toc Toc Docteur», le magazine santé de Figaro Live. Connectez-vous mardi 17 octobre à 15h10 sur le site internet du Figaro ou la page facebook du Figaro santé. Le Pr Fançoise Laroche (Hôpital Saint-Antoine) répondra en direct à toutes vos questions sur la maladie.