Ce syndrome douloureux est encore mal compris. Et comme il touche surtout les femmes (huit patients sur dix), beaucoup le considère comme… purement psychique. Erreur ! La fibromyalgie est une vraie maladie dont on commence à percer les mystères.
Entre 1,4% et 2,2% de la population française serait atteint de fibromyalgie selon la Haute autorité de santé (HAS). Ce syndrome ne montre aucun signe clinique apparent, d’où l’incompréhension de nombreux médecins face aux douleurs permanentes, à la fatigue chronique et aux troubles de l’humeur caractéristiques de cette pathologie.
Résultat : le diagnostic est souvent tardif, en moyenne 6 ans après l’apparition des premiers symptômes selon l’enquête nationale réalisée en mai 2014 par l’association FibromyalgieSOS.
La fibromyalgie, une maladie physique à part entière
Non, la fibromyalgie n’est pas « dans la tête ». Bien qu’encore parfois perçue comme un trouble psychiatrique, elle est reconnue depuis 1992 par l’Organisation mondiale de la santé comme une maladie physique à part entière.
Elle est certes parfois associée à une anxiété importante ou à une dépressioncar souffrir jour et nuit finit par taper sur les nerfs. Mais les douleurs musculaires et articulaires perpétuelles, ressenties surtout dans le cou, les épaules, les avant-bras, les genoux et les fessier, sont bel et bien réelles.
Elles semblent résulter d’un dysfonctionnement neurologique qui perturbe la production des hormones cérébrales – notamment la sérotonine – et diminue le seuil de perception de la douleur. « Des études d’imagerie cérébrale ont d’ailleurs montré des anomalies des flux sanguins dans le cerveau », note Nadine Randon, présidente de FibromyalgieSOS.
Un diagnostic long et difficile
« Aucun examen biologique ou radiologique permet d’identifier une fibromyalgie, d’où l’errance de nombreux patients, observe Ghyslaine Baron, vice-présidente de FibromyalgieSOS. Mais un diagnostic est possible dès lors que le médecin est à l’écoute du malade et connaît la fibromyalgie ».
En cas de douleurs et de fatigue depuis plus de six mois, « il doit commencer par éliminer l’existence d’une autre maladie dont les symptômes peuvent être similaires : spondylarthrite ankylosante, polyarthrite rhumatoïde, lupus, maladie de Lyme, etc… », explique le Dr Jacob Teitelbaum, directeur médical d’une chaîne de cliniques américaines spécialisées dans la fibromyalgie.
Le diagnostic est ensuite établi à l’aide d’un examen clinique et de questionnaires d’évaluation des douleurs, élaborés sur la base des nouveaux critères de l’American College of Rheumatology (ACR).
Des traitements pour améliorer la qualité de vie
La prise en charge de la maladie est forcément pluridisciplinaire, dans la mesure où il faut diminuer les douleurs et se réadapter progressivement à l’effort. En effet, à force de fatigue et de souffrance, beaucoup de fibromyalgiques s’isolent et limitent leurs mouvements.
« Le déconditionnement à l’effort est l’un des risques majeurs, note Ghyslaine Baron, car il aggrave les symptômes dans une spirale sans fin ». Les médicaments antalgiques permettent de surmonter les crises, mais ne suffisent pas.
D’après une étude publiée dans la revue Arthritis Research en 2014, le soulagement apporté par les soins d’hydrothérapie est bien supérieur. Les bénéfices perdurent en effet 3 à 6 mois.